De dresseur de chiens à «donneux de bonbons».

Passer des méthodes de dressage canin traditionnelles aux méthodes positives

Depuis maintenant 6 ans, je suis dans le monde de l’éducation canine. J’ai suivi mes premières formations en comportement canin dans des centres de dressage qui faisaient la promotion de méthodes basées sur la peur et la violence.

Pourtant, j’avais bien de la difficulté à percevoir cette violence. Le fait que mes enseignants avaient beaucoup plus d’expérience que moi, mon ignorance du langage canin et des notions de base en conditionnement ainsi que les résultats rapides de ces méthodes justifiaient pour moi leur application.

De plus, de nombreux mythes et paroles venaient me confirmer que j’avais raison d’employer ces méthodes :

  • Cela ne fait pas mal au chien, ça fait juste le «surprendre».
  • Ton chien te «niaise».
  • Ce chien est «dominant».
  • Les chiens font ça entre eux.

En plus, dans le centre d’entraînement où j’ai pris l’une de mes premières formations, nous recevions bons nombre de chiens qui étaient passés entre les mains «de donneux de bonbons», sans résultats. Raison de plus pour croire dans les méthodes que j’utilisais!

Changer de méthode d’entraînement, à pas de tortue

Cependant, à l’été 2013, j’ai rencontré Noémie Labbé-Roy, directrice de l’organisme Les chiens Togo, qui débutait alors elle aussi dans le monde de l’éducation canine, bien que déjà formée à l’université en psychologie et en psychoéducation. Les notions scientifiques relevant du conditionnement de comportements et d’émotions étaient loin de lui être inconnues, et a elle a su semer une graine en moi: j’ai commencé à utiliser le Clicker pour apprendre de nouveaux comportements aux chiens que j’entraînais.

Toutefois, je continuais à corriger les «mauvais comportements» et à récompenser les bons. Une méthode que je jugeais équilibrée et logique. Qui pourrait dire le contraire?

Aller plus loin

Je voyais cependant que dans ma pratique, il manquait quelque chose : je n’arrivais pas à saisir ce que je faisais exactement, mais surtout je ne trouvais pas que les résultats étaient aussi concluants que cela :

  • Certains chiens, lorsqu’on les punissait physiquement, se mettaient à mordre leurs propriétaires.
  • Les peurs de certains chiens empiraient.
  • Certains chiens étaient totalement terrorisés lorsque j’entrais dans leur maison.
  • Trop souvent je devais augmenter la force des punitions pour que l’animal réagisse tel que je le désirais.
  • Surtout, les chiens n’avaient pas l’air bien heureux. Plus je me renseignais à propos du langage canin, plus je voyais les signaux de stress qu’ils m’envoyaient.

J’avais du succès avec ces méthodes, mais je ne pouvais supporter les effets secondaires qui y étaient relié.

La science du comportement

En plus, à force de lire de la documentation scientifique, je me suis rendue compte que ce type d’entraînement était l’opposé de ce que conseillaient les sommités internationales de la psychologie, de l’apprentissage et du conditionnement. Bref, la science contredisait mes protocoles d’entraînement.

J’ai tenté de me faire croire durant quelques mois qu’il y avait un fossé entre les théories scientifiques et leur application en pratique. Il y a tant de choses que l’on peut se faire croire, par peur de perdre nos repères, par paresse de devoir tout réapprendre, par crainte de perdre toute notre crédibilité en conseillant désormais ce que l’on trouvait risible hier.

J’ai bien du me rendre à l’évidence que je faisais confiance à la médecine et à l’aéronautique, entre autre, parce justement des recherches avaient été faites. Pourquoi en serait-il autrement des notions reliées à l’apprentissage chez les animaux?

Pour couronner le tout, je voyais d’autres éducateurs canins réussir à réhabiliter et à entraîner des chiens à un haut niveau en utilisant d’autres moyens.

Le changement, le vrai

J’étais prête à rencontrer Sébastien Larabée, un excellent éducateur, qui trouverait les bons mots pour me convaincre d’entraîner autrement, et qui m’offrirait le support émotionnel et au niveau de la formation afin que je puisse utiliser les méthodes actuelles d’entraînement avec efficacité. J’ai donc, à partir de ce moment, abandonné colliers étrangleurs, coups sur la laisse et toute autre forme de correction ou d’intimidation.

Les différences entre les deux méthodes d’éducation canine

Au départ, lorsque j’entraînais en méthodes traditionnelles, j’avais une vision peu élaborée de l’entraînement en méthodes positives. Je pensais que la méthode s’arrêtait à peu près à récompenser les bons comportements, et à ignorer les moins bons. Je dois avouer que je trouvais ça complètement ridicule!

Pourtant, à force de suivre de nouvelles formations, j’ai découvert tout le panel d’outils dont disposent les éducateurs canins qui travaillent de manière éthique :

  • Gestion de l’environnement
  • Apprentissage de comportements incompatibles ou alternatifs
  • Mettre les comportements désagréables qui sont renforçants pour le chien sur commande afin d’en avoir le contrôle
  • Utilisation du conditionnement classique pour changer des émotions
  • Punition négative (retirer quelque chose de plaisant… Un peu comme envoyer un enfant dans sa chambre ou une contravention!)
  • Concept de Premack

Et ce n’est pas une liste exhaustive! Avec autant d’outils, il devient plus difficile de justifier l’utilisation de peur ou de douleur en entraînement!

En conclusion

Au fil du temps, je me suis rendue compte qu’énormément de propriétaires de chiens ayant fréquenté des centres de dressage traditionnels demandaient de l’aide à des éducateurs en méthodes positive. En fait, il y en a énormément!

Je me suis aussi aperçu que bien que les méthodes que j’utilise désormais ne soient pas parfaites (elles prennent parfois plus de temps, plus de patience, plus de ressources), elles ont le net avantage de ne pas empirer la situation malgré tout. Et ce, dans tous les cas.

Article rédigé par Simonne Raffa, propriétaire de De Main De Maître, une école d’éducation canine offrant des services de consultations en comportement canin au Québec. Il s’agit de partenaires importants de notre organisme Les chiens Togo, puissent qu’ils utilisent la même éthique de travail que pour l’entraînement de nos chiens d’assistance.

www.demaindemaitre.ca